
Est-ce que le yoga est fait pour soigner ? La question est plus délicate qu’il n’y paraît. Que les patients atteints de cancer aient la possibilité de pratiquer le yoga au sein même de l’hôpital, comme c’est le cas à Saint Louis, à Paris, est une très bonne chose. Que d’autres, perclus de douleurs, enfermés dans une souffrance physique qui les empêche de vivre (en raison de rhumatismes ou de lombalgies sévères), se sentent soulagés grâce à une pratique régulière organisée au sein des services hospitaliers (La Pitié-Salpêtrière, à Paris, l’hôpital Simone Veil à Eaubonne, entre autres) montre les vertus immenses de cette discipline. Pourtant, certains enseignants de yoga pointent un risque bien réel : que le yoga devienne une pratique seulement appréciée pour ses résultats immédiats, dans une optique strictement utilitariste. A tel symptôme, correspondrait telle posture. A telles difficultés, répondrait tel exercice… On veut bien « faire du yoga », mais à condition « ça serve » à quelque chose.
La médecine ne peut pas tout
Or le yoga n’est pas une pilule du bonheur. Le voir ainsi l’appauvrit considérablement, lui qui se propose - à condition que la pratique soit régulière - de nous défaire de nos conditionnements, d’unir le corps et l’esprit, de respirer autrement, pour observer ce qui advient… Pour autant, il serait dommage de regretter la pratique du yoga à l’hôpital. Elle permet, c’est un fait, de soulager des douleurs – y compris les plus atroces - et de réconcilier les personnes malades avec leur corps. Ce n’est pas rien ! Elle offre la possibilité à des personnes fragilisées de rencontrer cette pratique, et peut-être, de s’inscrire dans un cours de ville pour en découvrir toute la substance et la richesse. Elle permet aussi de remettre la médecine à sa juste place : cette dernière peut beaucoup, mais elle ne peut pas tout.